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et-Loire avait été décidé. Il eut lieu aux derniers jours de brumaire. Brusquement, brutalement peut-on dire, on notifia à Graham sa nomination à Gand. Son successeur était le Général Pommereul. « L’estimable Graham a pris en sage sa disgrâce, écrit, le 3 frimaire, le citoyen Bruley. Cependant, il n’en est pas moins affecté. Il ne tenait pas à sa place. Mais il n’aime pas la manière dont on le force de la quitter. Nous penserions tous de même. Son successeur est annoncé pour le 6 courant. Comme de raison, tous les vœux et tous les regards seront dirigés vers le soleil levant[1]. »

Une intimité assez étroite existait entre le Général Pommereul et Clément de Ris. On en profita pour insinuer que la disgrâce de l’ancien Préfet était l’œuvre du Sénateur. Insinuation gratuite ; les relations qu’ils conservèrent l’un avec l’autre le montrent. Le 30 pluviôse an X (janvier 1802), Graham, nouvellement marié, invitait le Sénateur et Mme Clément de Ris à venir passer chez lui quelques jours, en amis « qu’il portait particulièrement dans son cœur[2] ». Vers le même temps, le fils aîné du Sénateur, engagé au 16e dragons, faisant, avec son régiment, séjour à Gand, c’est chez le Préfet que ses parents lui adressaient sa correspondance. On voit quel crédit méritent les imputations auxquelles ce déplacement donna naissance.

La mesure n’en eut pas moins pour effet un nouvel atermoiement, qui irrita justement les détenus. De la maison de Justice de Tours, Leclerc protestait de son innocence auprès du Premier

  1. Correspondance privée de Clément de Ris.
  2. Correspondance privée de Clément de Ris.