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le voir au plus vite ! Le hasard, qui l’avait bien servie jusqu’alors, la servit mal cette fois. Elle fut arrêtée, et, conduite devant le Directeur du Jury, dut s’expliquer sans personne pour lui suggérer son attitude et lui inspirer ses réponses.

Elle ne se démonta pas pour si peu ; elle était femme de ressources. Elle le prit de haut, de questionnée se fit questionneuse, et s’étonna qu’on se fût permis de l’arrêter comme elle se rendait à Paris près du Ministre de la Police. On lui demanda si elle avait un ordre, une invitation à cet effet : « Je n’ai pas à répondre sur ce point, répliqua-t-elle. Menez-moi au Ministre ; sinon, informez-le, et, je vous en requiers, donnez-moi acte de ma déclaration. » On lui en donna acte, et l’on passa à la lecture de la déposition de Jourgeon. Elle nia tout. Elle ignorait que Clément de Ris eût été interné dans sa ferme ; elle ignorait qu’il y eût au Portail un souterrain ; elle n’avait donc pu ni visiter le prisonnier, ni lui porter des vivres. Malgré son assurance et la logique de ses conclusions, on la garda. La déposition si précise de Jourgeon ne permettait pas le doute sur sa complicité. Le Préfet demanda au Ministre ses intentions à son égard, et s’il fallait l’envoyer à Paris[1].

Un nouvel interrogatoire eut lieu, le 11, en présence du fermier. Il maintint ses affirmations ; elle maintint ses dénégations ; elle ne voulait pas répondre aux magistrats de Tours ; qu’on la conduisît devant le Ministre ; là, elle verrait ce qu’elle avait à dire... Le lendemain, l’ordre de transfert arrivait.

  1. Lettre au Ministre de la Police (4 brumaire).