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celui de la Justice. Il fut alors facile de mesurer la faute commise en ne comprenant pas Jourgeon parmi les personnes placées sous la sauvegarde de l’impunité promise. Sur ses déclarations, des mandats d’amener furent lancés contre Droulin[1], qui n’eut pas de peine à prouver son innocence ; contre Lacroix ; contre la femme Lacroix, dont la complaisance à mettre ses bons offices au service tour à tour des ravisseurs et des libérateurs rendait aux uns comme aux autres la discrétion suspecte. Ils s’en ouvrirent à Fouché : « Que diable ! s’exclama-t-il gouailleur, quand on conspire on n’y met pas une femme[2] ! » On a d’autant plus tort de l’y mettre que la Police, quand elle tient la femme, la fait parler. Fouché, par promesses et cajoleries, allait tirer de Mme  Lacroix des confidences, qui, plus tard, complétées et confirmées par les révélations de Gondé, devaient provoquer l’arrestation de de Canchy, de de Mauduison et de Gaudin.


II

Le mandat d’amener contre Mme  Lacroix avait été signé le 3 brumaire. Le 4, on la surprit à Tours, comme elle montait dans la diligence de Paris. La nouvelle de l’arrestation du fermier avait éveillé en elle des appréhensions. Dans quelle mesure pouvait-elle compter sur les dires de Sourdat ? Arrêtée, que devait-elle faire ? Interrogée, que devait-elle répondre ? Une seule personne était en état de la renseigner, en situation de la sauver, le Ministre de la Police. Il fallait

  1. Père de Mme  Lacroix.
  2. Mémoires d’A. de Beauchamp..