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de Bordeaux – la même où, un mois auparavant, on avait arrêté Lacroix. Ce qu’entendant, la fille Saint-Pierre est prise d’une crise de nerfs et s’évanouit. On la ranime et l’interrogatoire se poursuit. « Où avez-vous couché hier ? » est-il demandé à Gondé. ─ « Chez la citoyenne Maurice, 5, rue Chabannet. » On y va. On trouve une espingole chargée et amorcée, deux paires de pistolets, un sabre. Chez Bénard et chez de Mauduison, rien d’anormal[1]. On les laisse en liberté, et Gondé est conduit à la Préfecture de Police pour y justifier de l’emploi de son temps dans la soirée du 3. Il a dîné à Bagatelle avec Sophie et le citoyen Daguerre[2], puis, redoutant d’être enveloppé dans une mesure générale, et craignant la nervosité de sa maîtresse, il est allé coucher rue Chabannet, où il a également passé la nuit suivante. On lui cite certains propos qu’il aurait tenus après l’attentat, et que d’ailleurs il nie, entre autres celui-ci : « Si Bonaparte a été manqué, il ne le sera pas la fois suivante ! » Finalement on le garde.

C’était le cas, ou jamais, de recourir à son tout-puissant protecteur. Il n’y manque pas. Fouché convint que l’arrestation résultait d’une erreur, mais ne la leva qu’à condition : Gondé disparaîtrait et l’on n’entendrait plus parler de lui. Pareils engagements ne se tiennent pas toujours, mais ne se refusent pas. Gondé promit, et, sitôt libre, quitta Paris. Il reprit sa vie nomade et – il faut bien s’occuper, – ses anciennes habitudes. Le

  1. On trouva chez Bénard un poignard, chez de Mauduison deux pistolets, armes qu’ils portaient, dirent-ils, pour leur sûreté personnelle.
  2. Ancien chef de chouans, en correspondance avec le comte d’Artois. Archives nationales, F7 6247.