Page:Rinn - Un mystérieux enlèvement, 1910.djvu/165

Cette page n’a pas encore été corrigée

de connaître ce qu’il ne savait pas et ce que les royalistes étaient trop intéressés à savoir. Cette méfiance était d’un sage. Gondé resta donc à Paris, tranquille, et, en apparence, fidèle à son engagement de ne se mêler d’aucune intrigue ; en fait, blessé dans sa vanité qu’on lui marchandât la confiance, et attentif à garder contact avec ses anciens amis. Travailler au bonheur de la France était toute son ambition[1]. Qu’importait d’où vînt ce bonheur, pourvu que la France fût heureuse, et qu’il ne le payât pas de sa liberté ?

Cet accident faillit lui arriver le 5 frimaire 1800. Sur avis que des jeunes gens du Calvados et de la Vendée se réunissaient en armes, chaque matin, dans une maison de la rue de Grenelle Saint-Honoré [2], le Préfet de Police y prescrivit une descente. On ne trouva point d’armes ; mais, dans une chambre, inscrite au nom du citoyen Gondé, amnistié, étaient rassemblés plusieurs chouans, dont un n’avait pas de papiers. On l’arrêta. Il dit se nommer Armand : c’était Lacroix. Les autres, dont les papiers étaient en règle, furent laissés libres, y compris Gondé, encore que son nom figurât sur la liste de Radet[3]. Les agents du Préfet, préoccupés de savoir s’ils avaient, ou non, affaire à des conspirateurs, ne songèrent sans doute pas à s’inquiéter d’autre chose, et, des personnes présentes, gardèrent la seule dont la situation était irrégulière. Le malheur est, qu’une fois pris, Lacroix eut à répondre de son passé, et, imprudemment

  1. « Ma conduite eut de tout temps pour base les maximes sur lesquelles repose, à mes yeux, le bonheur de la France. » Ibid.
  2. Maison de Bordeaux.
  3. Voir page 139.