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au Préfet le regret d’une mesure si contraire à ses convictions et au vœu de ses administrés. Le Directeur du Jury d’Indre-et-Loire avait, par réquisition en forme, réclamé le prisonnier ; on s’était hâté de l’expédier à Tours[1], et il y était déjà quand la réponse du Ministre atteignit le Préfet.

Ces tergiversations, ces insistances et ces résistances montrent à quelles difficultés l’instruction devait se heurter, et elles en expliquent les lenteurs.


V

Un autre embarras naissait de l’attitude prise à l’égard des ravisseurs. En même temps qu’il leur garantissait l’impunité, Fouché leur avait fait offrir d’entrer au service du gouvernement : il aurait ainsi en eux des instruments à sa dévotion. Trois refusèrent, par dignité ; cette fierté leur coûta cher. Les autres acceptèrent. Ils vinrent à Paris, et, le 30 vendémiaire, furent présentés par Sourdat au Ministre.

Il les accueillit avec bienveillance et renouvela offres et promesses : ils ne seraient pas poursuivis pour ce qu’ils avaient fait ; la terre serait plutôt bouleversée ; le Premier Consul l’avait laissé maître d’arranger les choses à sa volonté. Il les circonvint par sa cordialité et les pria d’exprimer leurs désirs. L’un demanda une place dans l’Administration de la Loterie, l’autre dans les Forêts, le troisième dans ses bureaux. Le Ministre promit de s’y employer et leur donna rendez-vous pour le surlendemain. À la date fixée, ils revinrent. Il

  1. Le 12 brumaire.