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Elle dépend entièrement de votre conduite dans la circonstance présente. »

Cette énergique mise en demeure était plus inquiétante pour le Préfet que pour les ravisseurs, couverts par l’impunité promise. Quant aux prévenus arrêtés, ils étaient moins à craindre sous les verrous qu’en liberté. Leur détention garantissait leur silence au cas où ils sauraient quelque chose, et elle était un gage donné aux sentiments du public et aux défiances possibles du Premier Consul. Voilà pourquoi Fouché s’était refusé à élargir Cassenac et Monnet et avait fermé l’oreille aux protestations de Leclerc. Seul Lemesnager avait failli lui échapper.


IV

L’arrestation de ce dernier avait été mal vue à Blois. Plusieurs personnes honorables avaient agi pour lui près du Préfet et apporté des témoignages visant à lui créer un alibi. Ébranlé dans son opinion, troublé dans sa conscience, le Préfet confia ses doutes au Ministre : d’après les renseignements portés à sa connaissance, il ne pensait pas que les chouans, du moins ceux de Loir-et-Cher, eussent trempé dans le crime ; pour lui l’attentat était l’acte de brigands de profession ; la déclaration de Métayer était sujette à caution ; le témoin semblait avoir obéi à des considérations particulières, et profité de ce que Lemesnager était déjà suspect pour appeler l’attention sur lui et la détourner des vrais coupables, avec qui l’on désirait renouer librement conversation[1]. On, c’était Mme  Clément

  1. Lettre au Ministre de la Police (17 vendémiaire).