Page:Rinn - Un mystérieux enlèvement, 1910.djvu/153

Cette page n’a pas encore été corrigée

Le Ministre n’avait pas attendu ce retour pour prescrire des mesures attestant qu’en dépit des sursis antérieurs et des équivoques récentes, son intention n’allait pas jusqu’à vouloir étrangler l’affaire. Elle touchait de trop près à des intérêts trop sérieux, pour qu’on négligeât les indications que l’enquête apporterait sans doute sur les menées royalistes et la préparation de nouveaux attentats. La vigilance des autorités avait été mise en éveil ; il ne fallait pas qu’elle se rendormît : « De ce que des chefs chouans rendus, et ayant chacun de vingt à trente mille livres de rentes aient délivré le Sénateur Clément de Ris pour prouver la bonne foi de leur soumission dans les environs de Tours, disait une note de Police[1], il ne faut pas conclure que la pacification est complète et générale. Complète ? Ils disent n’avoir pas renoncé à des circonstances favorables, et n’avoir agi, dans la reprise de Clément de Ris, que pour prouver que leur fierté est incapable de commettre une bassesse. Générale ? Les chouans de Bretagne agissent toujours. Dans les départements du Maine et de la Sarthe, des rassemblements se forment. » Autant que jamais il fallait veiller et s’éclairer.

Le signalement des six ravisseurs fut expédié, avec ordre de les arrêter, en plusieurs grandes villes[2]. Une liste de suspects, dressée par les soins du Général Radet, y était annexée, comprenant seize noms. Huit sont connus déjà, Leclerc, Lemesnager,

  1. À la date du 22 vendémiaire. Archives nationales, F4 1329.
  2. Notamment à Lyon et à Bordeaux.