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Vous avez des enfants, vous les aimez ? Et ce souvenir ne vous arrache pas des larmes ? Séchez celles que vous faites répandre à mes six enfants. Vous le pouvez, en peignant ma position et mon innocence au Premier Consul[1]... » Hélas ! non, Clément de Ris ne pouvait rien. Il multipliait les démarches ; le Directeur du Jury affirmait qu’aucun témoin n’avait inculpé Cassenac ni Monnet : Fouché restait sourd à toute intercession. Le 21 frimaire, enfin ! il accorda, sous caution, une mise en liberté provisoire.

Bien provisoire ! Trente jours s’étaient à peine écoulés que, derechef enlevé aux siens, arraché à ses affaires, Cassenac était interné, sous surveillance, à Nevers... Deux ans plus tard il y était toujours ! À une requête en sa faveur, présentée par Clément de Ris[2], le 10 messidor an X, – dix mois après le prononcé du jugement, où son cas n’avait pas même été visé, – le Ministre répondait que, bien que l’affaire fût classée, il jugeait utile de retenir Cassenac : « La demande faite par le Sénateur Clément de Ris, disait-il, l’honore d’autant plus que Cassenac paraît s’être trouvé à la réunion, qui eut lieu à Tours, des hommes qui exécutèrent son enlèvement. Mais le Ministre ne peut pas se diriger par les motifs d’indulgence qui déterminent un particulier... » En fait, Cassenac était maintenu en surveillance pour avoir servi,

  1. Lettre écrite de Sainte-Pélagie, le 27 brumaire. Correspondance privée de Clément de Ris.
  2. Vers le même temps le Sénateur s’entremit pour obtenir la liberté de Carlos Sourdat, qui, arrêté après l’attentat de nivôse, l’avait sollicité de lui servir de caution, s’engageant, une fois libre, à se soumettre à toute condition qu’on lui imposerait (Correspondance privée, prairial, an X).