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arrêté le personnage et délivré le prisonnier, l’honneur de la prise et le profit de la délivrance échappaient au Ministre et passaient à Savary. Comment n’en pas vouloir à ces gendarmes, acharnés contre ce voleur qu’à cette même heure la Police cherchait à voler à la Justice ? Ils en savaient trop dans le présent, trop pour l’avenir. Il fallait les museler, ou, faute de mieux, les écarter. De là son animosité contre Boisard, instrument empressé des témérités de son chef ; de là ses efforts pour obtenir une destitution dont la courageuse intervention de Liébert auprès du Général Radet sauva le commandant.

Fouché céda par opportunisme. Il avait alors d’autres soins. Clément de Ris venait de rentrer à Paris. Son entrevue avec le Premier Consul remettait en question la recherche et la punition des auteurs de l’attentat. Il fallait parer à l’événement.


II

Une ardente curiosité attendait ce retour. L’impatience devançant la réalité, chaque jour les feuilles publiques l’annonçaient, alors que le Sénateur s’occupait, en Touraine, de pourvoir à la sûreté de sa famille et de mettre ordre à ses affaires.

À l’excitation des premières heures suivant la délivrance avait succédé un profond affaissement. Les privations endurées, les émotions ressenties l’avaient laissé las. Il était avide de repos. Il eût voulu qu’on l’oubliât, qu’on lui permît d’oublier, et l’oubli n’était pas possible. En lui, autour de