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D’ailleurs Bourmont ne cessait de recommander aux anciens chefs de sa division de prévenir, et, au besoin, de concourir à réprimer les actes de brigandage commis dans leur pays : des gens capables de piller les particuliers et de les voler ne différaient pas à ses yeux des malfaiteurs de grand chemin et déshonoraient le parti. Il se prêta à la requête du Ministre. En échange de ses bons offices, il obtint la mise en liberté de M. de Lion, et la promesse de plusieurs radiations, qui ne furent jamais délivrées[1].

On a prétendu que Fouché avait agi par menaces et l’avait sommé de faire rendre le prisonnier, dont il répondait sur sa tête[2]. « C’est une imposture, écrit Bourmont. Si le Ministre m’avait parlé sur ce ton, je lui en aurais fait sentir vivement l’inconvenance, et je ne me serais mêlé en aucune façon de l’affaire. M. de Luxembourg vint chez moi et me demanda si je connaissais Clément de Ris. ─ Non, répondis-je ; quel est cet homme ? ─ C’est un Sénateur ; il a été enlevé, on ne sait par qui, et emmené près de Loches. Il est l’ami de Sieyès. Le Sénat est en l’air. » Après récit de ce qu’on savait de l’événement, M. de Luxembourg s’enquit « si j’avais des connaissances dans le pays. ─ Peu, répondis-je, mais M. Sourdat y en a beaucoup. Je le prierai d’y aller et de s’informer, au cas où cela ferait plaisir au Ministre ». L’offre fut agréée. Bourmont présenta Sourdat au Ministre

  1. Mémoire de Bourmont.
  2. Loin d’agir par menaces alors, Fouché procédait avec Bourmont par insinuations enveloppantes. Ils se rencontraient dans les salons royalistes, et une mutuelle bienveillance existait entre eux. Madelin, Fouché, tome I, chapitre 12.