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Dans cette lettre, la vanterie fait tort à la vérité. Quand il l’avait écrite, Fouché ignorait le lieu où le Sénateur avait été déposé ; il ne le sut que plusieurs jours après la délivrance[1]. De plus, les libérateurs n’avaient garde d’arrêter les ravisseurs, auxquels l’impunité avait été promise, et dont, au reste, aucun n’était là. Quoi qu’il en soit, Clément de Ris, au dire de la légende, se serait écrié, après lecture de la lettre, « que ces coquins de royalistes avaient fait le coup, et qu’il reconnaissait bien là l’amitié de Fouché ! ». Le propos n’a pour garant que le témoignage d’A. de Beauchamp[2]. On n’en a pas moins fait état pour appuyer la thèse du complot de Marengo, et, par elle, l’hypothèse attribuant à Fouché même l’attentat de Beauvais. Cette parole banale, l’amitié de Fouché, propos de circonstance, naturel en présence des agents du Ministre, ironique peut-être, est, dira Carré de Busserolle, la preuve indéniable de relations étroites entre le Ministre et le Sénateur, et, partant, de leur complicité dans le passé. Nous avons dit ce qu’il fallait en croire[3].

De Chedigny, la troupe gagna directement Bléré, où l’on dîna. Pendant le repas, le maire, les notables, la garde nationale accoururent complimenter Clément de Ris : « À présent que je n’ai plus besoin d’eux, observa-t-il, ils viennent

  1. Entre le 1er et le 6 brumaire.
  2. Voir page 15, note 1. ─ Selon de Beauchamp, certains des ravisseurs, celui, entre autres, dont il reproduit les confidences, se seraient joints aux libérateurs pour faire la conduite à Clément de Ris : « Nous ne voulions pas que d’autres que nous ramenassent le Sénateur à Beauvais. Il nous présenta l’un après l’autre comme ses libérateurs, mais lui seul en était dupe. »
  3. Page 12 et suivantes.