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où on le laisse seul. Durant le trajet, évalué par lui à une heure et demie environ, il a entendu sonner onze heures à une horloge lointaine. Vingt-quatre heures s’écoulent, et un des brigands, son geôlier habituel, le ramène à son premier réduit, par une nuit glaciale. Il est transi. Son gardien le fait entrer dans la maison, demeure de paysans, autant que, sous le bandeau, il en peut juger. Il se rend compte qu’en un lit, tout près de lui, des femmes, des enfants sont couchés. On allume dans la cheminée un méchant feu avec des brins de fagots. Assis sur une mauvaise chaise, le coude sur une maie[1], il essaie de se réchauffer, sans y parvenir. Touché de son état, le brigand lui offre son lit, qu’il accepte avec reconnaissance. Ce lit est dans un cabinet de plain-pied avec la chambre. Il y repose quelques heures et est réintégré dans son cachot, intrigué de ce déplacement qui le ramène au même lieu.

C’était, dira Carré de Busserolle, une répétition, destinée, en vue du départ fixé au lendemain, à s’assurer des dispositions du prisonnier. À quoi bon ? N’était-il pas à la merci de ses bourreaux ? Ceux-ci ne savaient-ils pas par avance le trouver docile à leurs injonctions ? Suivant d’autres[2], les brigands, effrayés par le déploiement des forces mises en mouvement pour la battue

  1. Grand coffre oblong, où les paysans de Touraine pétrissent le pain et serrent leur manger.
  2. Liébert au Ministre de la Guerre (20 vendémiaire).