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Le Préfet refusa. Son hostilité ne désarmait pas. Liébert s’appliqua à gagner sa confiance : sa seule ambition, disait-il, était de sauver le Sénateur et d’arrêter du même coup les brigands. Il fit part de ses soupçons contre Gondé. Il raconta qu’ayant su le château de Fontenaille, près Neuvy, fréquenté par d’anciens chefs chouans, il y avait établi une surveillance de jour et de nuit. Il proposa, en prévision d’une reprise des pourparlers et d’un transfert du prisonnier à proximité de Beauvais, de poster à tous les ponts du Cher des gendarmes, chargés d’appréhender l’escorte. Savary appuya la proposition. Rien ne prévalut contre la résistance du Préfet. « On ne peut, répondit-il, arrêter et sauver tout ensemble. »

La responsabilité du Général était dégagée ; il n’insista pas ; il déplorait seulement une inaction qu’on ne comprendrait pas, et qui, militaires et civils, compromettait tout le monde. Qu’on tentât au moins une dernière battue, en forces, avec visites domiciliaires ! L’effort dont elle témoignerait imposerait silence aux critiques dirigées en haut lieu contre la mollesse des autorités d’Indre-et-Loire.

Le Préfet parut ébranlé ; mais il fut d’avis de surseoir jusqu’à ce qu’il eût vu Mme  Clément de Ris. Il savait la visite reçue par elle d’un agent du Ministre ; sans doute, en cette entrevue, des engagements avaient été pris qu’il ne connaissait pas ; avant d’agir, il fallait savoir. Liébert et Savary promirent d’attendre son retour et se retirèrent[1].

  1. Archives historiques de la Guerre. Armée de l’Ouest.