Page:Rinn - Un mystérieux enlèvement, 1910.djvu/109

Cette page n’a pas encore été corrigée

dont, il faut le dire, nul, pas même Fouché, ne put se vanter, avec sincérité, d’avoir tenu les fils. Chacun dut, et ce n’est pas le moins piquant de l’affaire, s’en rapporter à la bonne foi de gens en qui sa confiance était médiocre ; le hasard pourvut au reste et y pourvut bien, puisqu’il restitua au prisonnier sa liberté et permit à chacun de se croire pour une part dans ce résultat.

Boisard et Chevillot rentrés à Tours s’étaient empressés de rendre compte à Liébert de leur mission et du retour de Mme  Clément de Ris à Beauvais. Liébert leur communiqua une lettre, qu’en leur absence le Général Girardon[1] lui avait transmise. Apportée par un inconnu, désireux de garder l’incognito, et qui disait l’avoir trouvée, cette lettre n’était pas moins singulière en sa teneur que par le mystère de son origine. La voici :


Du Quartier Général, 19 août 1800.

  « Mon cher Condé,

» J’ai fait part de vos nouveaux avis à nos camarades. On les a trouvés judicieux et on les suivra de point en point. J’espère qu’avant huit jours nous aurons réussi à nous emparer de ce maudit bonhomme de Maignan[2], que nous avons manqué tant de fois. Mais il paiera tout le mal qu’il nous a fait. On lui[3] enverra sur la somme exigée : 1° ce

  1. Général de brigade, commandant la subdivision territoriale de Maine-et-Loire, dont Angers était le siège.
  2. Voir page 63.
  3. Lui ne saurait désigner Maignan. Il s’agit évidemment d’un tiers connu des deux correspondants ; ou peut-être (supposition autorisée par la mention du cadeau pour votre épouse, et par les mots vous aurez toujours part au gâteau) du destinataire lui-même.