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disait s’appeler Leclerc, domestique, originaire de Bazas (Gironde), se rendant à Lille. Effectivement, son passeport était au nom de Leclerc Charles-Marie, mais d’un Leclerc qualifié « ancien capitaine des chouans de Vendée, né à Nogent (Seine), demeurant à Libourne chez son beau-père, et se dirigeant sur Montauban[1] ». Mis en demeure de s’expliquer sur ces discordances, il confessa que le passeport était altéré. Son vrai nom était Armand-Emmanuel Desmarets de Bauzain, ci-devant officier à l’ex-régiment de Poitou, émigré, blessé d’un coup de feu à l’armée de Condé (il portait, en effet, deux cicatrices au bras gauche). Il venait de Paris et retournait chez lui pour avoir de quoi soulager sa misère. Il suppliait qu’on ne le menât pas chez le Juge de paix.

La requête parut bizarre et suffit à le faire conduire où il préférait ne pas aller. Devant le juge, il revint sur ses précédentes déclarations et protesta que Leclerc était bien son nom. Questionné sur l’emploi de son temps, il dit avoir couché la veille à Poitiers, et, précédemment, à Châtellerault, Sorigny, deux nuits à Montbazon, Tours, Amboise, où il avait été hébergé chez M. de Perceval, ancien Grand-Prévôt et Inspecteur Général de la ci-devant Maréchaussée ; Blois enfin, où il avait séjourné à l’hôpital du 1er au 3 vendémiaire, et où, dans la journée du 2 il avait été fort surpris d’entendre le bruit du canon.

« N’avez-vous pas, lui demanda-t-on, eu connaissance de l’affaire Clément de Ris ?

─ Oui, chez le citoyen Perceval, dont la maison

  1. Taille : 1 mètre 75, nez effilé, visage maigre, yeux bleus, cheveux blonds, âgé d’environ 30 ans.