Page:Rinn - Un mystérieux enlèvement, 1910.djvu/105

Cette page n’a pas encore été corrigée

Envoyer des émissaires pour surveiller la remise des fonds n’est pas une démonstration hostile, mais une précaution en vue de l’avenir, répliquait le Préfet ; arrêter mettait le Sénateur en péril ; l’essentiel était de savoir où les brigands se cachaient ; il serait facile, après la délivrance du prisonnier, d’aller les y chercher et de s’emparer d’eux, si toutefois alors le commandant Boisard et la gendarmerie apportaient, à seconder le zèle du Préfet, une bonne volonté et une vigueur auxquelles, jusqu’ici, il avait en vain fait appel[1] ».

Fouché n’avait pas attendu cette nouvelle preuve de l’obstacle apporté à la libération du prisonnier par ces divergences de vues, pour chercher ailleurs d’autres auxiliaires. Il les avait trouvés parmi les chouans eux-mêmes. Néanmoins, et pour sauver les apparences, pour cacher son jeu, il prescrivit de continuer les recherches ; de surveiller Mme  Clément de Ris, disposée, selon toutes prévisions, à renouer négociation avec les brigands ; d’arrêter, si l’occasion s’en offrait, toute personne soupçonnée d’avoir trempé dans l’attentat. Cette occasion, le hasard venait de la fournir.


IV

Le 11 vendémiaire, à l’heure même où l’on préparait, à Blois, la mise en arrestation de Lemesnager, un voyageur se présentait à la mairie de Poitiers pour faire viser ses papiers. Il

  1. Correspondance échangée entre le Préfet d’Indre-et-Loire et le Ministre de la Police (11-15 vendémiaire).