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Candé, chouan amnistié, soumis à la surveillance pour incitation de conscrits à la désertion. Sur-le-champ il prévint Boisard et Chevillot et convoqua les officiers de gendarmerie Buibard, chef d’escadron, et Bodin, capitaine. Devant eux, Métayer renouvela et signa sa déclaration. On convint de garder à vue Lemesnager, et de l’arrêter sitôt Mme Clément de Ris partie.

Celle-ci passait par les émotions les plus terribles. Tantôt, frémissante, elle s’emportait contre ce Gouvernement dont l’ingérence avait rompu les négociations ; tantôt elle était hantée par le spectre des représailles annoncées, se figurait son mari assassiné et s’abandonnait au désespoir. Le délai fixé était écoulé, et, bien qu’elle sentît le néant d’une plus longue attente, elle restait. Elle ne pouvait se résigner à quitter Blois. La confiance l’y avait amenée ; un vague espoir l’y retenait, et aussi la crainte de trouver à Beauvais la certitude d’une catastrophe que sa raison lui représentait inévitable, que sa tendresse écartait comme impossible.

Abîmée dans ces réflexions, elle attendait, solitaire, – quoi ? elle n’eût pu le dire, – quand un inconnu se présenta aux Trois Marchands et demanda à lui parler. Elle le reçut. Il déclina son nom, Carlos Sourdat[1], ancien officier chouan, et montra un passeport signé du Ministre de la Police. Que se passa-t-il entre eux ? Mme Clément de Ris ne le fit pas connaître, mais parut rassurée

  1. Fils de François Sourdat, de Troyes, lequel s’était offert pour défendre Louis XVI, et qui, après l’attentat de nivôse, devait être arrêté par mesure de sûreté, Carlos Sourdat était l’ancien Aide de Camp de Bourmont et le frère de Bernard Sourdat, dont il a été parlé plus haut. Il fut, sous Louis XVIII, créé Lieutenant-Colonel.