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« Ces derniers n’ont travaillé qu’une heure, et tu les
as traités comme nous, qui avons porté le poids du
jour
… »
(Évangile selon saint Matthieu,
chapitrexxe,versetxxxive.)

Il n’est pas de semaine que je n’entende : « Ah ! vous qui écrivez des livres, quel roman vous feriez si vous connaissiez mon histoire. »

Vous haussez les épaules. Vous souriez. Mais plus tard, à mesure que la vie vous apprend les hommes obscurs, vous savez que cela n’est point faux. Et que, secret pour tous, avec des pages que l’Homme lui-même n’ose point relire, sous la plume qui saurait le raconter, le roman de chaque Homme vaudrait les romans qui s’écrivent.

Cet ouvrier informe, assis en tas sur le seuil de sa porte ; cette femme qui, banale, attend au coin de l’Avenue un rendez-vous — affaires ? amitié ? amours ? drogues ? — ; le vieux qui, moi passé, ramassera furtivement la boîte, qu’il guigne ; quel film monotone, piqué de crimes, garni de prudents héroïsmes, longuement déroulé au long cours de leurs années, de quel film monotone ne sont-ils pas, ces gens sans couleur apparente, les réceptacles à jamais scellés.

Personne ne se trouvera pour raconter les joies et les tourments dont leur vie est tissue ; les remords de leur unique adultère en un lit sordide ; la tentation longuement goûtée devant l’étiquette. « Poison » sur une bouteille de