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L’IMMORTEL
(Journal)





7 mars — Voyage à Québec. Rien obtenu.

8 mars — Dormi neuf heures après quinze de travail. Le travail. Toujours le travail ; écartèlement quotidien avec, comme finale quotidienne, l’allongement, sur la roue du sommeil, de ce corps recru. Puis au matin, le vertigineux réveil, l’effort pour soulever le poids de la mort, en concevant à nouveau, chaque matin, qu’il va falloir réintégrer la géhenne. Et, au front, la couronne d’épines du besoin.

Comme horizon lointain, le plongeon terminal, le même sommeil qui a un commencement, comme l’autre, mais cette fois point de réveil. Peut-être ?

Pas de réveil ! Au fond cela vaut mieux.

À condition que ce sommeil dernier soit sans cau­chemar. Qui peut en être sûr ?

9 mars — Acheté le livre de Vasgide : « Le sommeil et les rêves ». Rien de bien neuf. J’y ai vainement cherché un chapitre sur le réveil. Voilà cependant le point important.

En effet, quelle importance aurait le sommeil, s’il n’y avait le réveil.