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PRÉFACE 27

cette belle curiosité qui veut connaître tout de la terre et de l’homme ? Le cœur mystique par lequel Rimbaud fut ramené à la foi n’est-il point le même qui chez sa sœur resta toujours si fermement attaché au catholicisme ? Tous deux enfin n’ont-ils point le don de vision et d’expression ? Arthur Rimbaud possédait le mâle génie créateur, sa sœur avait le génie tout féminin de la communion, aussi rare que l’autre, quoi qu’on en pense, et tout aussi douloureux pour celui qui en est accablé. « Sans les avoir jamais lues, dit-elle, je connaissais ses œuvres. Je les avais pensées. Mais, moi, infime, je n’aurais pu les exprimer dans son verbe magique. J’admirais et je comprenais, voilà tout. » (^). Toute sa vie, Isabelle Rimbaud demeura l’être d’abnégation qu’était la petite fille de Charleville. Ne la vîmes-nous pas toujours se sacrifiant aux autres, oubliant sa fatigue et ses peines propres afin de ne songer qu’à son prochain ? Pour avoir droit à son aide, voire à son affection, point n’était besoin d’être de sa famille ou de ses amis. (1) Mon frère Arthur.