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RELIQUES 11


ressentir, mis à nu son « moi » d’épouse et de patriote, décrit sa personne. Non. A la dernière page nous ne savons pas la couleur de ses cheveux et rien d’elle à proprement parler — si ce n’est qu’elle n’a pas dansé devant son miroir, et c’est pourtant la connaître, — mais nous ne pouvons, par son talent, par le ton dont elle parle, ignorer sa bravoure, son intégrité, la douce chaleur de son âme féminine, puis qu’elle a du devoir une conscience absolue. Elle a été un grand cœur toujours élancé vers autrui. « Nous aimions, oui, nous aimions notre prochain comme nous-même ».

Il émane de cette femme si grande une extraordinaire pureté, la fraîcheur des sources et des yeux d’enfants. Cette fraîcheur, elle la garda jusqu’à sa dernière minute — toujours comme une sainte, comme une espèce de miracle.

Qu’on la rêve jeune fille, fermière accorte et pratique de roman anglais, pleine de gaieté et de jolie coquetterie ; qu’on la vénère, ange, au chevet de son adoré malade ; qu’on la regarde juger et écrire,