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n'effrayait rien ? Rien, pas même le ridicule ! car c'en est un, aujourd'hui, d'être un téméraire.

Il n'y a presque rien à dire des tous premiers vers d'Arthur Rimbaud, ceux qu'il rima sans doute en classe de rhétorique au collège de Charleville, si ce n'est que ce ne sont plus déjà des vers classiques ; il y règne pourtant un souffle de poésie nouvelle et celui qui les a écrits il pouvait avoir quinze ans alors — a certainement déjà lu relu les Romantiques et s'est pénétré de leur harmonie et de leur mouvement. Le Forgeron, par exemple, poème d'environ deux cents vers, se ressent de la lecture d'Hugo, si par contre Ophélie se rattache plutôt au mode d'Alfred de Musset, mais l'une et l'autre poésies dans une facture tourmentée et qui, dès lors, s'originalise. Chose bizarre, l'influence de Baudelaire s'y fait moins sentir, et cependant Rimbaud connaît le poète des Fleurs du Mal, il en parle dans ses lettres avec enthousiasme « le roi des poètes, un vrai dieu ! » écrit-il,

Dès sa seconde manière, les poésies d'Arthur Rimbaud se subtilisent et se filigranent ce sont. de beaux vers sonores, où chante toute l'âme lyrique de ce précoce Aëde, mais où les idées, pourtant soudées par une logique rigou-