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PRÉFACE

très simplement, j’ai mis ma patience à découvrir et à suivre certaines pistes au dos de maints feuillets, aux coins de pages nombreuses, j’ai griffonné des lignes sans suite, recueillant de-ci de-là des lettres, quelques proses, un peu de vers, déterminant certaines dates et certains lieux, et gardant le tout au fond d’un tiroir tumultueux destiné à suppléer ma mémoire.

Dans ces moments-là je me semble volontiers un botaniste avide, pour son herbier, de flores rares.

Or, puisque ce fatras desséché n’est pas indifférent, ai-je appris à plusieurs esprits amoureux autant que le mien de choses littéraires, j’ai plaisir aujourd’hui à en laisser respirer la poussière odorante. Et je commencerai par donner quelques-unes de mes recherches sur ce poète bizarre qui, présenté tout jeune à Victor Hugo, fut accueilli par lui avec ces mots « Shakespeare enfant ! » La légende au moins le dit.

Grâce à l’ami fidèle que lui demeura Paul Verlaine, Arthur Rimbaud est loin d’être un ignoré ; on sait généralement qu’après s’être fait remarquer de ceux de la génération par ses précoces aptitudes poétiques, il a quitté l’Europe et n’a pas, depuis plusieurs années, donné personnellement signe de vie.