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de Paris. À Bordeaux, c’était bon après la guerre. On était près de Libourne et d’Arcachon. Nous avions besoin d’air pur après tant d’émotions et Paris ne pouvait nous donner cet air pur. Quelques milliers d’imbéciles s’étaient fait tuer bêtement dans la banlieue malgré le général Trochu ; dans la ville il était mort cinq mille sept cents personnes en huit jours, pauvres victimes d’une stupide obstination… Maintenant, c’est autre chose et me voilà mi-partie Parisien. Que le président ait ou n’ait pas dit : « Messieurs, la séance est levée ! » je prends le train de cinq heures et demie. C’est charmant, par la rive gauche. Et puis, quelles rencontres en chemin de fer ! Vous aimiez l’imprévu, vous aussi, Anatole !

À sept heures, je dîne au Café d’Orsay, ou chez Ledoyen. À huit heures, je ne suis plus député, je ne suis plus baron, si je veux, je ne suis plus Petdechèvre, je suis un noble étranger perdu dans Paris.


Anatole, cette lettre est une lettre politique, lettre close à la baronne et à Sidonie ! Mais