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Ça serrerait vos cous, ô femmes
Mauvaises, ça broierait vos mains,
Femmes nobles, vos mains infâmes
Pleines de blancs et de carmins !

L’éclat de ces mains amoureuses
Tourne le crâne des brebis !
Dans leurs phalanges savoureuses
Le grand soleil met un rubis !

Une tache de populace
Les brunit comme un sein d’hier.
Le dos de ces mains est la place
Qu’en baisa tout Révolté fier !

Elles ont pâli, merveilleuses,
Au grand soleil d’amour chargé
Sur le bronze des mitrailleuses
À travers Paris insurgé !