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— Ces mains n’ont pas vendu d’oranges,
Ni bruni sur les pieds des dieux ;
Ces mains n’ont pas lavé les langes
Des lourds petits enfants sans yeux.

Ce ne sont pas mains de cousine,
Ni d’ouvrières aux gros fronts
Que brûle, aux bois puant l’usine,
Un soleil ivre de goudrons.

Ce sont des ployeuses[1] d’échines,
Des mains qui ne font jamais mal,
Plus fatales que des machines,
Plus fortes que tout un cheval !

Remuant comme des fournaises,
Et secouant tous ses frissons
Leur chair chante des Marseillaises
Et jamais les Eleisons !

  1. Variante : Casseuses.