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LA MER ET LES POISSONS.

n’a péri de faim. Beaucoup ont disparu ou ont perdu leur splendeur, sont descendues du premier au dernier rang, parce qu’elles n’avaient pas su conserver les institutions qui avaient fait leur prospérité.

Dans tous les temps, la marine a été la source de la richesse et de la grandeur des peuples en possession de cet élément de puissance. Il est donc naturel, chez les nations qui disposent de cette cause de bien-être et de force, que les intérêts maritimes prévalent quelquefois sur d’autres intérêts. C’est ce qui a lieu, d’une façon ou d’une autre, en France, en Angleterre et dans tous les États ayant l’ambition de grandir et de s’enrichir par la marine. Partout l’exploitation de la mer jouit d’une protection privilégiée ou profite d’une tolérance sans limite.

Devant cette situation, qui procède d’un intérêt non moins important que celui des subsistances, nous avons dû forcément rattacher les exigences particulières de notre département de la marine à la solution du problème soulevé. En faisant valoir les besoins du consommateur, nous avons dû réserver le privilège nécessaire du producteur ; mais, loin d’avoir asservi le premier de ces intérêts au second, nous avons plutôt fait dépendre celui-ci de celui-là, puisque toute notre argumentation, contre l’aquiculture et les abus de la pêche, repose précisément sur cette considération que le sort de l’Inscription maritime, en France, se lie à l’adoption et au succès des mesures à prendre dans le but d’assurer les besoins de la consommation.

Que demandons-nous en effet ?

Que l’œuvre de l’homme, cette prétendue science, cette supposition qui se nomme l’aquiculture, cesse de contrarier et d’arrêter l’expansion de l’œuvre de Dieu dans les eaux ;

Que d’infimes et insignifiantes cultures ne soient plus, dans les champs de la mer, un obstacle à l’abondance des moissons ;