Page:Rimbaud - Œuvres complètes (extrait Album zutique), 1965.djvu/21

Cette page n’a pas encore été corrigée

RESSOUVENIR

Cette année où naquit le Prince impérial
Me laisse un souvenir largement cordial
D’un Paris limpide où des N d’or et de neige
Aux grilles du palais, aux gradins du manège,
Eclatent, tricolorement enrubannés.
Dans le remous public des grands chapeaux fanés,
Des chauds gilets à fleurs, des vieilles redingotes,
Et des chants d’ouvriers anciens dans les gargotes,
Sur des châles jonchés l’Empereur marche, noir
Et propre, avec la Sainte Espagnole, le soir.

François Coppée.





L’Enfant qui ramassa les balles, le Pubère
Où circule le sang de l’exil et d’un Père
Illustre, entend germer sa vie avec l’espoir
De sa figure et de sa stature et veut voir
Des rideaux autres que ceux du Trône et des Crèches.
Aussi son buste exquis n’aspire pas aux brèches
De l’Avenir ! — Il a laissé l’ancien jouet. —
Ô son doux rêve ! Ô son bel Enghien [1]! Son œil est
Approfondi par quelque immense solitude;
« Pauvre jeune homme, il a sans doute l’Habitude ! »

François Coppée.
  1. Parce que « Enghien chez soi ».