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Charles d’Orléans à Louis XI


Sire, le temps a laissé son manteau de pluie ; les fouriers d’été sont venus : donnons l’huys au visage à Mérencolie ! Vivent les lays et ballades ! moralités et joyeulsetés ! Que les clercs de la basoche nous montent les folles soties : allons ouyr la moralité du Bien-Advisé et Maladvisé, et la conversion du clerc Théophilus, et come alèrent à Rome Saint Père et Saint Pol, et comment furent martirez ! Vivent les dames à rebrassés collets, portant atours et broderyes ! N’est-ce pas, Sire, qu’il fait bon dire sous les arbres, quand les cieux sont vêtus de bleu, quand le soleil cler luit, les doux rondeaux, les ballades haut et cler chantées ? J’ai ung arbre de la plante d’amours, ou Une fois me dites ouy, ma dame, ou Riche amoureux a toujours l’advantage… Mais me voilà bien esbaudi, Sire, et vous allez l’être comme moi : Maistre François Villon, le bon folastre, le gentil raillart qui rima tout cela, engrillonné, nourri d’une miche et d’eau, pleure et se lamente maintenant au fond du Châtelet ! Pendu serez ! lui a-t-on dit devant notaire : et le pauvre folet tout transi a fait son épitaphe pour lui et ses compagnons : et les gratieux gallans dont vous aimez tant les rimes, s’attendent danser