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D’UNE ENFANCE

L’ombre semblait de la richesse dans la chambre,
où, engourdi, comme en secret, était assis l’enfant.
Et quand sa mère entra — c’est comme un songe —
dans le buffet vibra soudain un verre.
La chambre, sentit-elle, l’avait trahie ;
elle embrassa l’enfant : Es-tu ici ?…
Tous deux, des yeux, inquiets, cherchèrent le piano,
car certains soirs elle y trouvait un chant
où l’enfant se perdait étrangement.