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à ce risque, il faut « travailler contre le courant de la langue », voire même « entrer en lutte avec elle ». On a été amené ainsi à s’écarter de l’application d’une règle trop uniforme. Tandis que pour le Livre d’Images, les Nouvelles Poésies et les Sonnets à Orphée, il fallait autant que possible restituer le rythme en ayant recours à la rime ou à l’assonance, la musique sourde du Livre d’Heures s’accommodait d’une transposition plus souple. Le vers blanc s’imposait pour les Élégies de Duino, avec les libertés d’enjambement du texte original.

Quant au choix des poèmes qui ont été recueillis, il a été en partie déterminé par la difficulté même de l’entreprise, Il a fallu renoncer à faire figurer ici ceux des poèmes de Rilke que leur densité défendait contre toute tentative de traduction, et où la part de la création verbale était si forte que les virtualités de la langue allemande y étaient déjà poussées à l’extrême. C’est le cas surtout de certains morceaux des Nouvelles Poésies. On s’est appliqué néanmoins à donner ici, en puisant dans les divers recueils, un aperçu aussi complet que possible de l’œuvre poétique allemande de Rilke, laquelle est ainsi présentée pour la première fois dans son ensemble au lecteur français, depuis les premiers vers jusqu’à la grande musique des Élégies et des Sonnets à Orphée. Enfin, autant pour l’unité du présent ouvrage, où toutes les principales œuvres de Rilke sont représentées dans leur succession chronologique, que pour permettre certains rapprochements de thèmes et de style, on y a introduit un choix de ses poèmes français les plus caractéristiques.