Page:Rilke - Poésie (trad. Betz).pdf/102

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

PRIÈRE

Ô nuit, nuit silencieuse, où sont tissées
des choses blanches, rouges, bariolées, —
couleurs éparses, haussées jusqu’à n’être
qu’une seule ombre et qu’un silence, —
pour moi aussi le rapport, veuille l’établir
avec ce tout que tu acquiers et sais convaincre.
Mes sens sont-ils trop épris de clarté
et mon visage tranche-t-il sur ces objets ?
Juge d’après mes mains : sont-elles
pas des instruments, presque des choses ?