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la possession nominale d’une terre grevée d’hypothèques. Les propriétaires véritablement cultivateurs, ou entrepreneurs de cultures sur leurs propres fonds, ont toujours été dans le passé, sont encore partout (sauf en France) et deviennent chaque jour davantage l’exception[1]. Sous le régime du sol nationalisé, les fermages se constitueraient de la façon et selon les systèmes les plus avantageux pour toute l’économie publique et non plus, comme aujourd’hui,  de la façon et selon les systèmes qui avantagent le propriétaire privé au détriment de la collectivité. L’État seul peut être guidé par l’intérêt général. Seul propriétaire, il supprimerait le stimulant qui pousse aujourd’hui à une culture épuisante et stérilisante le locataire agriculteur et l’entrepreneur capitaliste grâce à la forme que l’avantage particulier du propriétaire privé impose aux contrats de fermage ; et,  par contre, il exciterait efficacement ses tenanciers à une culture réparatrice et à des améliorations continuelles.

Les contrats de bail imposés par les propriétaires actuels a leurs fermiers aboutissent à

  1. « En résumé, la culture du sol a presque toujours été accomplie par le possesseur temporaire, presque jamais par le propriétaire perpétuel » (De Laveleye, De la propriété…, 543).
    On trouvera des données sur l’extension croissante des terrains donnés à ferme et la diminution de l’étendue directement administrée par les propriétaires, par exemple, dans Loria, La costituzione economica odierna, Torino, Bocca, 1899, page 544. Voir aussi, dans le même ouvrage, les nombreux détails sur les épouvantables progrès de la dette hypothécaire, pp. 549-558.