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capitalistes ou de paysans agriculteurs des loyers qu’il n’a pas mérités par son travail ou par l’exercice d’une fonction socialement utile. La différente capacité productive naturelle ou acquise des terrains n’empêcherait plus que des quantités égales de travail fussent également rétribuées. L’augmentation de valeur des terres, au fur et à mesure de l’accroissement de la population, ne profiterait plus au propriétaire seulement, mais à toute la société[1].

2o L’État percevant les rentes ricardiennes des terrains, cette source de richesse publique fournirait à chaque nation un moyen très naturel et très avantageux de subvenir à ses besoins financiers (James Mill, Stuart Mill, De Laveleye, Spencer).

3o La location directe par l’État, qui apporterait des avantages si considérables à toute l’économie sociale en général, manifesterait encore, dans l’économie agricole en particulier, l’essentielle supériorité de la propriété collective du sol sur sa propriété privée. Aujourd’hui l’exploitation agricole se fait très principalement sous le régime du bail ou son équivalent,

  1. Le taux moyen du loyer annuel des terrains domaniaux affermés s’élevait en Prusse, en 1849, à 1,19 ; en 1864, à 1,89 ; en 1867, à 2,11 thalers le morgen. Dans les anciennes provinces prussiennes, en 1849, 1869, 1879, 1890-91, ce taux moyen fut respectivement de 13,9, 26,11, 35,63, 38,95 marcs ; dans la Prusse orientale, de 7,63, 14,58, 18,57, 20,12 ; en Saxe, de 26,71, 44,34, 70,15, 83,34 (cultures de navets) ; dans le Hanovre, aux trois dernières dates, de 36,51, 52,15, 56,59 (Wagner, Grundlegung, dritte Aufl., zw. Theil, 432-433).