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économiquement le plus désirable qu’elle se fit. Cela est surtout vrai des impôts de consommation qui ont, en outre, l’irréparable vice d’origine de pouvoir se transformer en instruments d’abaissement des salaires aux mains de la classe dominante. « Les modes de contrôle et de perception de ces impôts (de consommation) oppriment et entravent la circulation et la juste division nationale et internationale du travail, de façon a refréner souvent le progrès technique »[1].

4° Ils ne parviennent qu’à travers de grandes, et même de très grandes difficultés, parfois, à subvenir aux besoins de l’État, ce qui est pourtant la condition sine qua non de son existence. Ces difficultés, qui font péricliter tout l’organisme social, ne peuvent être surmontées par la fixation d’un impôt unique ; bien loin de permettre ce moyen, elles obligent l’État à recourir à l’énorme complication des « systèmes d’impôts » qui aggravent et multiplient actuellement les inconvénients de l’impôt même.

5° Ils ne peuvent en aucun cas constituer un régime équitable. Ils apparaîtraient essentiellement injustes, même en faisant abstraction de la lutte des classes à laquelle ils offrent un champ de bataille quotidien, même en supposant pour un moment l’État capable d’obtenir l’équilibre entre ces classes et d’appliquer effectivement le principe éthico-social qui, idéalement, devrait toujours le guider. C’est que,

  1. Wagner, ibid., 1085.