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CHAPITRE V

LES PRÉLÈVEMENTS SUCCESSORAUX ET LE SOCIALISME

Nous avons montré au chapitre précédent comment l’application de notre proposition de prélèvements successoraux progressifs dans le temps permettrait de remédier aux vices les plus graves de l’organisation sociale présente sans que l’épargne cessât d’être stimulée.

Mais dans notre argumentation nous avons supposé que la forme privée de la propriété devait être conservée. Et cette supposition n’est pas nécessaire. Pour faire disparaître les vices de l’organisation sociale présente, le plus sûr moyen ne serait-il pas de bouleverser cette organisation, d’instituer un régime purement collectiviste ? Alors, plus ne serait besoin de stimuler l’épargne : celle-ci, de fonction privée qu’elle est, deviendrait fonction de la collectivité. Et ainsi les collectivistes n’auraient que faire d’adopter notre proposition.

Tel est le raisonnement qu’il nous faut combattre maintenant. Pour le renverser, nous ne nous attacherons pas à montrer combien il serait difficile de faire fonctionner une organisation purement collectiviste. Nous ne représenterons pas non plus que l’État collectiviste risquerait