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IV

Avant de clore ce chapitre, il ne sera pas sans intérêt de nous arrêter un peu à examiner la doctrine dite « libérale », et de montrer que les partisans de cette doctrine seraient inconséquents s’ils refusaient d’accepter la proposition que nous venons d’exposer et de défendre.

Le droit de posséder et de tester, le pouvoir accordé aux détenteurs de la richesse de transmettre à un héritier des biens que cet héritier, à son tour, transmettra à d’autres, investit certaines personnes, à l’exclusion et au détriment de toutes les autres, du monopole des instruments de production et des capitaux en général. Leur privilège ne devrait servir qu’à donner à la production et à l’épargne la plus grande impulsion possible : il ne devrait par conséquent dépasser en aucune façon la grandeur nécessaire et suffisante pour atteindre ce but. Cette condition est la seule qui puisse pleinement justifier le droit de propriété.

Par conséquent, si des prélèvements sur les successions progressifs dans le temps peuvent, sans nuire à l’épargne et à la formation de nouveaux capitaux, rendre efficace et rapide l’action du processus de nationalisation auquel ils seraient employés, alors de tous les systèmes examinés plus haut ils fournissent le plus propice à une organisation de la propriété rigoureusement adaptée aux principes de l’utili-