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Arrivant maintenant à la quatrième des conditions posées plus haut, nous constatons que notre proposition, si elle était appliquée, ne mettrait pas tous les hommes, au seuil de l’âge adulte, en une situation économique identique, mais que cependant l’amélioration en ce sens serait très considérable. En effet, les descendants des grands capitalistes actuels recevant des fractions toujours moindres, et enfin nulles, des accumulations privées de ces derniers, les fortunes acquises par voie d’héritage descendraient graduellement, mais rapidement, à un niveau modeste. Cette tendance des biens transmis par héritage à se niveler à un montant modeste rendrait de plus en plus négligeables les inégalités initiales artificielles entre les enfants des classes aisées et ceux des classes inférieures. Et comme il est impossible de parvenir uniquement par une adéquate constitution juridique du droit de propriété à la parfaite égalité initiale, on s’en approcherait plus vite si l’État ne courait en outre à des mesures secondaires et auxiliaires, l’enseignement entièrement gratuit à tous ses degrés par exemple.

Du reste, la constitution de la propriété pourrait ne pas garantir l’égalité initiale parfaite sans être pour cela injuste. Le concept d’équité, à mesure qu’il se dépouille de ses superfétations métaphysiques, se confond toujours plus complètement avec celui d’utilité générale, de sorte qu’en considérant la nature humaine dans la réalité des faits, on pourrait trouver équitable