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Or les descendants des descendants, ceux qui naissent après la mort de l’ancêtre capitaliste, peuvent être considérés comme ses parents très éloignés.

Et en réalité, si un père de famille est poussé à intensifier son labeur et augmenter ses épargnes pour accroître le bien-être de ses enfants, il ne travaille jamais pour enrichir un jour ses descendants lointains :

« Nous avons appris par expérience, dit Stuart Mill, que la plupart des hommes travailleront beaucoup plus énergiquement et feront des sacrifices pécuniaires plus considérables pour eux et pour leurs descendants immédiats que pour le public »[1].

L’expérience nous a même appris que ces descendants immédiats sont les seuls pour lesquels les hommes s’imposent un travail et des sacrifices extraordinaires : « on songe à l’établissement de la génération qui va suivre et rien de plus »[2].

S’il en est ainsi, il suffit de n’accorder qu’aux seuls descendants immédiats la transmission à titre gratuit de la totalité ou d’une partie des biens accumulés par le travail et l’épargne. Au maximum, on pourra aller jusqu’à la seconde génération ; mais il sera, complètement inutile, pour le maintien du stimu-

  1. Examiner, 19th July 1878 ; rapporté par De Laveleye, De la propriété et de ses formes primitives, Paris, Alcan, 1891, page 584.
  2. De Tocqueville, De la démocratie en Amérique, Paris, Calmann-Lévy, 1888, vol. I, page 84.