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sans cesse contre l’héritage. On pourrait élever progressivement ces droits, les plus légitimes de tous, en les graduant non plus d’après le degré de parenté, mais d’après la quotité de l’héritage. Sagement échelonnée sur une longue série d’années, cette progression permettrait d’arriver sans secousse à l’abolition totale ou presque totale de l’héritage »[1].

À quoi l’on peut objecter que, pour s’être très lentement réalisée, l’abolition totale ou presque totale de l’héritage n’en porterait pas moins un coup mortel au stimulant du travail et de l’épargne.


On peut rattacher à une seconde catégorie de réformes le projet de Stuart Mill ayant pour but non pas la nationalisation des capitaux, mais une diffusion des richesses capable d’obvier à la lenteur de la désaccumulation des fortunes privées. La proposition de Stuart Mill tendrait par là à empêcher l’héritage de conduire encore à l’avenir à la formation d’une inégalité énorme entre les accumulations :

« Si je composais un code des lois qui me semblent les meilleures en elles-mêmes et sans tenir compte de l’opinion courante, je restreindrais, non ce qu’il est permis de léguer, mais ce qu’il est permis d’acquérir par voie de legs ou d’héritage. Chacun aurait le droit de disposer de tout son bien par tes-

  1. Letourneau, L’évolution de la propriété (Lecrosnier et Babé, Paris, 1889), pages 501-502.