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fesseurs de Facultés, des magistrats, des artistes serait fournie par des familles riches ; or, c’est le contraire qui est vrai. C’est même généralement pour trouver un gagne-pain que les intellectuels choisissent leur carrière. Le prolétariat intellectuel contemporain est une preuve à l’appui de cette assertion. On devrait penser plutôt à la quantité de germes précieux stérilisés par le fait que les enfants des pauvres reçoivent à peine une ébauche d’instruction élémentaire. La douloureuse situation économique de leurs familles les oblige à renoncer aux études quelque peu supérieures où pourrait se manifester l’originalité de leur intelligence, et à subir, dès l’adolescence, le joug du travail manuel qui pèsera sur toute leur vie. Leurs hautes aptitudes s’atrophient et s’éteignent dans l’inaction, au grand détriment de la science, des arts et de la société.

Les considérations que nous avons exposées jusqu’ici partent toutes d’un point de vue utilitaire, le seul d’où nous croyons possible et utile de discuter. Mais il en est une autre sur laquelle nous voulons nous arrêter un moment, quoique son contenu soit purement métaphysique, parce qu’elle a frappé beaucoup de gens et parce que Spencer lui-même en a étayé sa thèse sur le droit de tester.

Le droit de tester, nous dit-on, est inséparable du droit de propriété : celui-ci étant un droit naturel, le droit de tester en est un aussi.

Mais, comme on l’a remarqué bien souvent