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quelques-uns parmi les plus graves de ces vices. Cette étude, quelque sommaire et incomplète qu’elle ait été, nous a fait apparaître le principe des maux dont souffre notre société : c’est à savoir la séparation de l’ouvrier d’avec l’instrument de production.

L’ouvrier n’est point propriétaire des instruments de production qu’il exploite ou qu’il met en œuvre. Et l’évolution économique se fait en telle sorte que chaque jour il lui devient plus difficile d’acquérir ces instruments de production. La nécessité de faire pour toutes les cultures et dans toutes les industries des avances de fonds de plus en plus considérables crée pour l’ouvrier une extrême difficulté de parvenir par ses épargnes à se soustraire au joug du propriétaire capitaliste. On comprend aisément dès lors qu’il suffise, pour maintenir la séparation économique de la grande masse des travailleurs prolétaires d’avec leur instrument de production, d’assurer la perpétuité de la propriété privée des capitaux. Or c’est la forme actuelle du droit de propriété, et c’est surtout l’institution de l’héritage qui permet d’atteindre ce but.

C’est l’actuelle séparation économique du travailleur d’avec l’instrument de production qui crée le profil. Or ce profit que le propriétaire perçoit comme tel, indépendamment de sa valeur personnelle ou de ses actes, de par le droit de propriété dont, d’une façon quelconque, il a été investi, donne au capital privé la faculté d’auto-fructification et une puissance