Page:Rignano, La question de l’héritage, 1905.djvu/23

Cette page a été validée par deux contributeurs.
- 21 -

tés de la vie dans les boissons alcooliques. Or on sait que l’alcoolisme est, à lui seul, cause de 50 à 70 % de la totalité des crimes. En outre, tous les attentats contre la propriété de juridiction correctionnelle ont pour cause première le dénuement de leurs auteurs ou l’abjection née d’une vie trop longtemps ignoble et besogneuse. Prostitution, alcoolisme, vol, à ces trois grands courants s’alimentent d’autres formes encore, et des plus horribles, de la criminalité.

L’excessive inégalité de répartition des richesses provoque, dans son constant accroissement, une croissante certitude, chez ceux qui ne sont pas favorisés par la naissance, de l’impossibilité d’atteindre à la richesse par le travail et une activité honnête, et un croissant désir de parvenir à n’importe quel prix. Aussi voit-on certaines formes de la criminalité, le crime financier, le panamisme, le parlementarisme exploiteur de hautes influences politiques, les Tammany Hall, les tristes audaces des maîtres chanteurs de la presse ou du barreau ou celles des bandes noires de l’agiotage devenir des formes de l’activité normale échappant à toute sanction sociale ou morale.

L’excessive inégalité de la répartition des richesses crée donc une véritable criminalité d’adaptation, où l’action du facteur anthropologique est à peu près nulle tandis que celle du facteur social est énorme.

Le phénomène de la criminalité nous apparaît donc, dans son ensemble, comme la con-