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Négligeons les perturbations économiques dues à des causes extra-sociales telles que les disettes, par exemple, les grandes invasions de phylloxéra, etc. : les autres — crises de production partielles ou sporadiques, et crises générales — peuvent être rangées en trois catégories distinctes :

1° Celles tenant à la division sociale du travail, lequel se fractionne toujours davantage cependant que, d’autre part, l’ampleur de son cercle d’action s’accroît sans cesse.

Grâce à l’isolement des diverses entreprises, les industries éparses dans le monde produisent pour ainsi dire à l’insu l’une de l’autre ; elles ne parviennent pas, par conséquent, à maintenir entre les quantités de leurs produits les proportions requises par le marché : en d’autres termes, elles ne parviennent pas à coordonner, à intégrer en une production adéquate aux besoins du public leurs tumultueux efforts individuels. Quoique les crises finissent par aboutir à un nouvel équilibre, elles ne sont pas pour cela moins douloureuses.

2° Celles tenant aux inégales conditions des producteurs dans la concurrence économique.

La disproportion même des fortunes met à la disposition des grands capitaux des moyens techniques et économico-techniques d’une écrasante supériorité. Les richissimes producteurs, dans la concurrence qu’ils font aux autres, peuvent non seulement gagner plus qu’eux, mais les ruiner, les anéantir. L’inélasticité de compression des gains concourt très