Page:Rignano, La question de l’héritage, 1905.djvu/12

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que certains — à tort d’ailleurs — l’ont absolument niée.

Ainsi la société se trouve divisée en deux classes : l’une, la classe ouvrière, dont les membres sont condamnés à ne jamais gagner beaucoup plus que ce qui leur est strictement nécessaire ; l’autre, la classe possédante, qui bénéficie de presque tout l’excédent de la production sur cette quantité de biens dont les hommes ne sauraient se passer.

Cette inégalité dans la répartition est une chose fâcheuse au plus haut point ; elle diminue dans une mesure très forte la somme du bien-être dont l’humanité jouit.

Considérons la consommation de la classe riche : nous constaterons qu’en grande partie elle se compose de superfluités, et que, parmi ces superfluités, il en est beaucoup qui ne tendent aucunement à augmenter le bonheur de cette classe.

Les grandes richesses, en effet, créent par elles-mêmes à leurs possesseurs des dépenses obligatoires. Richesse oblige est encore plus impérieux que noblesse oblige. Une famille riche se considère comme obligée, par le fait même de sa richesse, et grâce aux préjugés sociaux en vigueur, à dépenser une certaine partie de ses revenus en dépenses de luxe, même si cet excédent de dépense, qu’autrement elle ne ferait pas, ne satisfait aucun besoin vraiment senti.

Quant aux besoins créés par la vanité, ils peuvent être également satisfaits avec des