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modestes par rapport aux justes aspirations du prolétariat, et, surtout qu’ils ne représentent pas même le plus petit pas dans la direction qu’indique le programme maximum.

Quant à celui-ci, s’il insiste sur la socialisation des biens, il n’indique aucunement les moyens pratiques pour y parvenir ; c’est comme si un jour à venir la baguette de quelque fée inattendue devait suffire à donner au prolétariat, à cette pauvre Cendrillon des classes sociales, les trésors et les bijoux qui sont aujourd’hui le patrimoine exclusif de ses mauvaises sœurs les classes riches.

Aussi, parmi les masses, les gens pratiques, voyant que le programme maximum ne contient aucune proposition réalisable, et se contente d’affirmations platoniques, lesquelles aujourd’hui n’ont même plus la vertu de servir d’épouvantail pour les classes possédantes, inclinent à s’en tenir au programme minimum, qui du moins promet des réformes pratiques, de portée modeste, mais effective. Et les gens moins accommodants, constatant que le programme minimum ne contient que des réformes où ils voient des palliatifs dérisoires à l’injustice fondamentale du régime capitaliste, inclinent vers le programme maximum, lequel proclame fortement cette injustice fondamentale, et qui, sans indiquer le chemin pour y parvenir, montre du moins nettement le terme où il faut arriver pour instituer un régime d’équité…

Le programme moyen que nous appelons de nos vœux devra établir un passage entre le