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les capitaux ainsi socialisés seraient susceptibles.

C’est pourquoi nous proposons l’institution de prélèvements successoraux que nous nommons progressifs dans le temps…..

De tels prélèvements, si on les inscrivait dans un programme moyen, auraient l’avantage de pouvoir s’adapter toujours, par l’adoption de telle ou telle progressivité, à toutes les combinaisons possibles des forces respectives des différentes classes sociales. Avec des progressivités faibles, ils constitueraient un programme socialiste minimum, voire simplement radical, qui pourrait se réaliser quand le prolétariat partagerait le pouvoir politique avec les classes voisines. Avec des progressivités plus rapides, ils rejoindraient graduellement le programme socialiste maximum, garantissant cette rapidité de socialisation des fortunes privées qui semblerait la plus convenable au prolétariat maître unique du pouvoir. La grandeur des pas successifs se réglerait ainsi a chaque instant sur la force relative du prolétariat ; mais leur direction serait constamment la même, elle irait toujours vers le grand but de la socialisation des biens.

Aujourd’hui, nous le répétons, rien de tout ceci ne se trouve dans le programme minimum, tel qu’on le rédige, et surtout dans l’action législative quotidienne du parti. Bien loin de nier les effets bienfaisants de la législation dite sociale, qui constitue toute la substance du programme minimum, nous sommes cependant obligés de dire que ces effets sont par trop