Page:Rignano, La question de l’héritage, 1905.djvu/108

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 106 —

dette aux accumulateurs des capitaux prêtés à l’État, à titre de primes particulièrement aptes à stimuler à l’accumulation, il est inique de continuer à payer ces intérêts à des rentiers oisifs, auxquels le premier accumulateur a pu transmettre ses biens en une proportion immensément supérieure à celle strictement nécessaire et suffisante pour l’inciter au travail et à l’épargne.

L’importance de ce parasitisme est mise en relief par l’éloquence des chiffres. Le montant annuel des intérêts des dettes publiques s’élève, pour l’Europe seulement, à quatre milliards et demi de francs : or, sauf pour la part afférente aux patrimoines des œuvres pies, cette somme énorme est payée presque totalement déjà — et elle le sera entièrement sans doute au cours de la génération prochaine — à des individus qui n’auront rendu en échange aucun service.

6. — De l’assistance publique et de l’assurance[1]

C’est aujourd’hui le désir de tous les partis politiques, dans tous les États civilisés, de développer les services d’assistance, d’instituer des assurances contre la vieillesse, l’invalidité, la maladie, le chômage, bref de faire passer dans la réalité le principe du droit à l’existence. Des difficultés d’ordre financier empêchent seules l’accomplissement de ce programme. Sans qu’il

  1. Ce paragraphe a été ajouté par moi. Je ne pense pas en faisant cette addition avoir été le moins du monde infidèle à la pensée de M. Rignano (Ad. L.).