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5. — Des dettes publiques

On peut résumer comme suit, d’après les objections que soulèvent en général les emprunts publics, les avantages sociaux de leur extinction graduelle[1] :

1° Elle déchargerait la production d’un poids considérable, car les intérêts de la dette publique, payés à un capital presque entièrement improductif, affaiblissent le plus efficace des stimulants de l’activité sociale en diminuant la rétribution des agents producteurs. L’économie actuelle a renoncé à secouer ce fardeau qui l’opprime toujours davantage. Elle recourt même de plus en plus fréquemment aux emprunts irrachetables, soit qu’elle ne puisse Supporter le surcroît d’impôts qu’impliquerait leur amortissement, soit (et cette explication est plus conforme à la réalité dans la plupart des cas) à cause des avantages particuliers qu’ils offrent à la classe capitaliste. Dégagé

  1. En Angleterre par exemple, le paiement des intérêts de la dette nationale représentait en 1887-1888 plus de : fr. 571 1/2 millions, tandis que les dépenses inscrites au budget pour tous les services civils (ceux pour l’armée étant exclus) s’élevaient à 801 millions. La France dépensait pour les intérêts de sa dette ; 981.762.000 fr., près d’un milliard, cent millions de plus que pour ses services civils dont le budget était 882.640.000 francs. On a calculé que le montant annuel des intérêts des dettes publiques pour tous les États européens réunis s’élève à quatre milliards et demi (Wagner, Ordinamenta della economia finanziaria e credito publico, Torino, Unione tipografica éditrice, 1891, pages 384, 385, 622 à 631).